Autoportait d'une fille brisee : La descente aux enfers et les violence conjugales

Vestine nous témoigne son vécu « Récit d'un enfant ayant vécu une enfance difficile »

L'enfance brisée

Vestine n'avait que 6 ans lorsque son monde s'est effondré. Née dans un quartier populaire d'une grande ville, ses parents étaient d’ethnie différente (Mère Hutu et Père Tutsi). La petite Vestine a subi une discrimination ethnique. Son père est parti au Congo pour les études, quitta le domicile sans laisser d'adresse. Vestine et sa mère se retrouvèrent seules, sans ressources. Après, une guerre ethnique (1993) éclata au Burundi, Elles durent déménager dans un taudis insalubre dans la communauté Hutu de sa maman,

La descente aux enfers

C'est à cette période que le cauchemar commença réellement pour Vestine. Un monsieur profita de la situation précaire de sa mère pour l'agresser sexuellement, menaçant de les faire expulser et tuer si elle ne cédait pas à ses avances. Impuissante, sa mère dut se taire. Le frère de cet homme lui aussi abusa Vestine à de nombreuses reprises pendant près d’un an. Terrorisée, l'enfant n'osait rien dire, de peur des représailles et subissant de menace de mort. Sa mère sombra peu à peu dans la dépression et traumatisée par les violences conjugales.

L'orphelin Vestine

Un jour, la mère de Vestine fut retrouvée morte d'une maladie incurable dans leur taudis. À 15 ans à peine, Vestine se retrouva orpheline et placée dans un foyer frères catholiques. Meurtrie dans son corps et son âme, elle eut du mal à s'adapter, devenant une enfance agressive et rebelle (abusée émotionnelle). Les années suivantes ne furent qu'une longue suite de familles d'accueil et de foyers, où elle continua de subir discriminations et de violences.

Malgré les traumatismes subis, Vestine puisa dans les derniers mots de sa mère une force de caractère hors du commun se jura de s'en sortir et de se reconstruire, brique après brique. Elle a pu partir au canada en 2006. Elle a trouvé un conjoint et s’est mariée mais le cauchemar suivant sa vie.

Vestine a traversé une situation extrêmement difficile et dangereuse avec son mari était violent. Elle a subi des violences physiques, y compris lorsqu'elle était enceinte de neuf mois, ce qui l'a poussée à une tentative de suicide. Un matin, alors qu'elle envisageait de se jeter du 14ème étage, elle a changé d'avis en sentant son bébé bouger dans son ventre. Malheureusement, ce calvaire l’a conduit à deux fausses couches successives.

En effet. les comportements violents sont souvent exacerbés par la consommation excessive d'alcool, qui désinhibe et augmente l'impulsivité de l'individu. Les séquelles psychologiques pour les victimes peuvent être profondes et durables.

Impact sur la santé mentale et physique

Les violences subies par Vestine ont eu un impact considérable sur sa santé mentale, la poussant à une tentative de suicide. De plus, la violence pendant la grossesse peut avoir des conséquences dévastatrices, comme des fausses couches ou des complications pour le fœtus.

En effet, les violences conjugales, qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, ont un impact dévastateur sur la santé physique et mentale des victimes. De plus, les violences pendant la grossesse mettent gravement en danger la mère et le fœtus, augmentant les risques de fausses couches, d'accouchements prématurés et de complications.

Sortir du cycle de la violence

Vestine a vécu un cycle typique de violence conjugale, caractérisé par des épisodes d'agression suivis de demandes de pardon et de promesses de changement qui n'étaient jamais tenues. Ce schéma est une manifestation claire de la violence conjugale, où l'agresseur alterne entre violence et remords pour maintenir son emprise sur la victime.

En prenant la décision de quitter cette situation toxique, Vestine a pris une mesure cruciale pour sa sécurité et celle de ses enfants. Elle a suivi plusieurs étapes importantes recommandées aux victimes de violence conjugale :

- Contacter la police et une association d'aide aux victimes.

- Se réfugier dans un lieu sûr, en l'occurrence un Centre (Maison d'amitié).

- Obtenir de l'aide professionnelle, notamment d'une travailleuse sociale.

- Faire constater ses blessures à l'Unité de médecine des violences, même sans porter plainte immédiatement.

Le fait que Vestine ait fait constater ses blessures est particulièrement important, car ces preuves peuvent être cruciales pour d'éventuelles poursuites judiciaires, même si elle ne souhaitait pas porter plainte dans l'immédiat.

Vestine a envisagé de porter plainte contre son mari et de demander son expulsion du domicile. Ces démarches sont des options légales importantes pour les victimes de violence conjugale. La plainte peut mener à des poursuites criminelles, tandis que l'expulsion du domicile peut offrir une protection immédiate.

Il est important de noter que les Centres comme Maison d'amitié joue un rôle crucial en offrant non seulement un refuge, mais aussi de l'orientation, de l'écoute et un accompagnement dans les démarches juridiques psychologiques. Ce type de soutien global est essentiel pour aider les victimes à se reconstruire et à naviguer dans les complexités légales et émotionnelles de leur situation.

En conclusion, Vestine a pris des mesures courageuses et appropriées pour sortir d'une situation de violence conjugale. Son parcours illustre l'importance d'un soutien professionnel, légal et émotionnel pour les victimes, ainsi que la nécessité de documenter les abus, même en l'absence d'une plainte immédiate.

Connaissez-vous quelqu un qui vit dans cette situation

Votre rôle d'ami(e)

Votre soutien et votre écoute sont primordiaux. Encouragez-la à briser le silence, valorisez ses forces et ses compétences. Proposez de l'accompagner dans ses démarches si elle le souhaite. Rappelez-lui qu'elle n'est pas responsable des violences subies et qu'elle ne mérite pas ce traitement. Surtout, ne la jugez pas et croyez en son récit.

Cette situation est extrêmement complexe émotionnellement, mais votre amie doit se protéger ainsi que ses futurs enfants. Avec le soutien adéquat, elle pourra reprendre le contrôle de sa vie et se reconstruire loin des violences.